Dès que l'on quitte la plaine, la route grimpe, le long des gorges où grondent les torrents qui dégringolent des cimes entrevues dans le lointain, à travers mélèzes et sapins. Taillée dans le roc, arrachée mètre après mètre au flanc de la montagne, elle guide le voyageur, peu à peu, vers les alpages et les sommets.
Le roc se défend. La route le torture, le brise, l'avale pour le dominer enfin. Les lacets se font rares, moins serrés. L'air devient plus pur, la brume s'atténue, s'effiloche en lambeaux, s'accroche aux faîtes des arbres, laissant transparaître le bleu encore pâle du ciel. Les mazots apparaissent aux flancs des coteaux, dessinant de chatoyantes mosaïques sur le vert tendre de l'herbe ou la blancheur des dernières neiges. Les pentes se font plus douces, la route plus large, traversant des bourgs fleuris, rassurés par leurs églises et la mémoire de leurs cimetières. Enfin le soleil se lève…Frémissent alors les pentes multicolores du Val d'Anniviers, qui s'offre dans toute sa beauté.
Book's extract "regard sur le Val d'Anniviers"